Paroles |
J. Brel/G. Jouannest |
Musique |
J. Brel/G. Jouannest |
Année |
1964 |
Album |
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Les vieux ne parlent plus ou
alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres,
ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un coeur pour deux
Chez eux ça sent le thym, le
propre, la lavande et le verbe d'antan
Que l'on vive à Paris on vit
tous en province quand on vit trop longtemps
Est-ce d'avoir trop ri que leur voix
se lézarde quand ils parlent d'hier
Et d'avoir trop pleuré que
des larmes encore leur perlent aux paupières
Et s'ils tremblent un peu est-ce de
voir vieillir la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui
qui dit non, qui dit : je vous attends
Les vieux ne rêvent plus, leurs
livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés
Le petit chat est mort, le muscat
du dimanche ne les fait plus chanter
Les vieux ne bougent plus leurs gestes
ont trop de rides leur monde est trop petit
Du lit à la fenêtre,
puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit
Et s'ils sortent encore bras dessus
bras dessous tout habillés de raide
C'est pour suivre au soleil l'enterrement
d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide
Et le temps d'un sanglot, oublier
toute une heure la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui
qui dit non, et puis qui les attend
Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment
un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent par la main, ils ont
peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l'autre reste là, le meilleur
ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n'importe pas, celui des deux
qui reste se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être, vous
la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent en s'excusant
déjà de n'être pas plus loin
Et fuir devant vous une dernière
fois la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui
qui dit non, qui leur dit : je t'attends
Qui ronronne au salon, qui dit oui
qui dit non et puis qui nous attend. |